Lady Gaga, on ne la présente plus, c'est sans hésitation aucune la révélation mondiale de cette année 2009 (d'aucuns diront qu'on avait déjà bien entendu parler d'elle en 2008 et ils auront raison - mais passons). Après un premier album nommé The Fame, qui a enchaîné les tubes énormes (Just dance, Poker face, LoveGame, Paparazzi surtout), la jeune artiste annonçait il y a quelques mois à grands coups de buzz bien placés que cette première galette aurait droit à une réédition à l'automne 2009. Dès lors, la planète pop était un peu comme un oisillon lâché dans son nid: le gosier grand ouvert, poussant de petits cris, elle attendait plus qu'impatiemment qu'on vienne la goinfrer de ce disque pop qui allait la repaitre pendant un bon moment. On s'attendait à quelques titres en plus, un gros tube disons et puis deux-trois accessoires, des b-sides, comme ça pour faire joli. Que nenni. La nouvelle prêtresse de la pop nous lâche avec The Fame : Monster pas moins de huit titres, et le moins que l'on puisse c'est qu'aucun n'a l'air bâclé. Petite critique titre par titre.
Bad romance
S'ouvrant avec ses envolées presque lyriques, ce premier single issu de la réédition a déjà fait baver plus d'un amateur de pop sur le globe. Reprenant avec succès les gimmicks désormais typiques de Gaga - répétitions de mots à foison, bruits étranges, son mélangeant pop et électro, esprit déjanté et paroles un brin provoc' - le titre s'annonce presque comme un Poker Face 2.0, version améliorée. Les fameuses envolées qui concluent les refrains semblent rappeler le middle 8 de Viva la vida, et le dit refrain, presqu'aussi puissant qu'un "Can't read my, can't read my !", quand même moins répétitif, épate. Le titre fait surtout, et pour la première fois, la part belle à la voix de Lady Gaga, elle qui auparavant se cachait davantage derrière des instrumentations tubesques. Le gros point fort: le middle 8 (la partie juste après le second refrain), avec sa phrase en français pour ajouter au glamour du tout, et la reprise de Gaga avec ses "WANT YOUR BAD ROMANCE" quasi enragés qui donnent toute sa puissance à la chanson. Un concentré de tube.
Alejandro
Le titre, avec ses violons en introduction et ses rythmes lascifs (un peu à la Gabriel de Najoua Belyzel, non ?), paraît direct plus exotique, moins cliché Gaga. Si on ajoute à ça tous les prénoms masculins latinos dont la chanteuse nous fait part dans le refrain, on est définitivement plus aux Etats-Unis, mais bien dans un son plus européen, et on a presque envie de dire europop, synthé puissant à l'appui. Dans l'esprit, ça nous rappelle le superbe "Cool" de Gwen Stefani, qui pronait l'évasion musicale (en Italie, dans le clip) avec un côté presque retro, presque décalé. C'est un peu la même histoire ici. Même si le refrain n'a pas l'efficacité naïve des précédents tubes de Gaga, on ne peut s'empêcher d'avoir envie de remuer les hanches au son des "Ale-ale-alejandro" - on imagine bien Shakira nous faire sa greluche en chaleur au rythme latin de ces répétitions. Une imagination débordante, on sait.
Monster
Direct, on peut s'attarder un peu plus sur le titre, si l'on prend en considération qu'il a donné son nom à la réédition / nouvel album / EP de Lady Gaga. C'est le thème surtout ici qui nous interpelle: la chanteuse parlait avec ces nouveaux titres de laisser tomber les paillettes et les néons de The Fame pour en aborder les traits plus sombres, les travers, - ce que Monster parvient à faire avec brio. Porté par la phrase génialissime "He ate my heart", le titre part dans une dépiction monstrueuse (justement), difforme, d'un amour métaphorique. Au niveau du son, l'intro nous redonne quelques notes très "Just dance", qu'on retrouvera dans le middle 8 (texto!). C'est plus posé, moins "boom boom" dira-t-on, mais ça reste addictif. Moins tubesque, peut-être, mais l'instru électro light est excellente et ça a le mérite de surprendre davantage qu'un Bad romance qui, aussi puissant soit-il, rentrait davantage dans les cordes d'une Gaga déjà rodée.
Speechless
C'est le titre le plus doux de The Fame: Monster, on préfère vous le dire de suite. Bon nombre critiqueront le manque peut-être d'efficacité du titre sur le dancefloor, nous on salue surtout le fait que Lady Gaga ne soit pas unidimensionnelle. Faire des tubes up-tempo, c'est pas mal, mais s'enfermer dedans, c'est moins bien. Gaga échappe donc à la chappe de plomb nommée 'chanteuse dancefloor' (on a déjà Cascada pour ça, merci) avec Speechless, apparement dédié à son père. Pour comparer avec un des titres de The Fame, c'est évidemment un Brown Eyes bis. En mieux on a envie de dire, encore une fois. Au piano, laissant sa voix d'épanouir bien plus que sur le reste des nouveaux titres, on sent même des pointes très Christina Aguilera dans les ponts et le final assez touchant. Et pourquoi pas, imaginer Speechless figurer sur le propre Stripped de Lady Gaga. Plus d'émotion et moins de fioritures, c'est la recette de ce titre. Single déjà annoncé, on éspère que Gaga transformera l'essai avec son premier vrai slow.
Dance in the dark
Bon, deux mots: UN TUBE. Encore un. C'est peut-être la chanson la plus sombre de cette réédition. En accord avec le titre, ça tombe bien. Parce qu'on y est clairement, dans le "dark", et ce dès les premières notes, graves, de "Dance in the dark". Bruits étranges, comme électriques, et atmosphère glauque, on imagine très bien un clip dans un asile psychiatrique (avec ce "d-d-d-d-de" en gimmick). Les paroles s'accordent avec la musique dans ce qui parait déjà être un single obligé. C'est moderne, clairement efficace au possible, avec un refrain qui frappe comme l'éclair (ouep, on est assez fiers de cette métaphore) et qui garde même certains accents gothiques. Le presque rap du middle 8 semble hanter la musique quasi atmosphérique de ce plaisir nocturne. C'est comme un mini-film fantastique en musique: refrain qui arrive comme le tueur arriverait derrière une porte, surprenant et frappant, mais avec ce sentiment d'horreur joussif en bonus. On surkiffe, et on danse jusqu'à la dernière note.
Telephone (ft. Beyoncé)
C'est le prochain single. Beyoncé est en featuring, Darkchild à la production. BON C'EST UN TUBE. Oui, lui aussi. Ca ressemble moins à ce qu'on attendait de ce nouvel album, c'est moins sombre, peut-être un peu en retrait niveau attitude par rapport au reste de The Fame: Monster mais ô comme c'est un tube en puissance. Addition ou pas de Beyoncé la princesse du r'n'b à un titre de la nouvelle princesse de la pop, ce titre avait tout pour fonctionner. Entre le début qui laisse attendre une ballade et les bruits de téléphone qui ponctuent le titre, on ne sait plus où donner de la tête quand tout s'accélère. Il n'y a aucun doute sur le futur succès de cette chanson, sans compter son thème un peu simplet on avoue, qui devrait séduire les teenagers américains. Répétitions à foison, une fois encore, et chassé-croisé avec Bee quasi mythique entre 1:50 et 2:05 qui nous a retourné le cerveau, on ne peut pas jeter la pierre sur le titre, même s'il y a un peu de trop de volonté de faire un tube et pas assez de réelle innovation. On pardonne, avec plaisir. Maintenant STOP TELEPHONING ME. Merci.
So happy I could die
Un mid-tempo plutôt quelconque, c'est ce qu'une écoute rapide pourrait faire croire. Mais outre les "hééé-hé / hééé-ha" qui donnent le sel nécessaire à la chanson, les couplets et surtout cette instru laisse pantois. Le refrain, au contraire d'un Bad romance ou d'un Dance in the dark, surprend lorsqu'au lieu de passer au niveau supérieur, il baisse d'un ton sans explosion aucune. Ce n'est pas mauvais, juste surprenant. C'est typiquement la chanson qu'on appelle "chill-out": assis dans un bar, un verre de champagne à la main (comme elle le décrit dans le refrain, d'ailleurs), on se laisse aller au sentiment positif de la chanson, qui rappelle les bons moments de fête sans cris et "YEAAAH" d'aucune sorte. Ca manquera à certains, pas à nous. Loin d'être le titre qui ressort le plus de cette nouvelle salve de tubes, So happy I could die est un peu le moment où Gaga reprend sa respiration dans cet enchaînement de perles dancefloor. C'était sûrement nécessaire.
Teeth
Un côté acoustique, plus bizarre, ressort du titre, dès le début. C'est résolument le titre le plus "différent" de The Fame: Monster. Sans laisser tomber la monstruosité, le titre laisse plutôt la place à une Lady Gaga plus créative et provocatrice que jamais. "I just want your sex", clame-t-elle, non sans ponctuer chacune de ses phrases d'un petit commentaire sexy. C'est presque cabaret, en fait, le genre de titre où elle peut onduler des hanches ou faire le grand écart sur une chaise tandis que l'orchestre se laisse aller en trompettes et saxophones et que le public l'acclame en tapant des mains. On a lu quelque part que ça ressemblait à du KT Tunstall. Ce n'est pas tout à fait vrai. C'est KT Tunstall, oui, mais bourrée. Perso, si c'est toujours comme ça, non seulement on lui montre nos dents, pour lui faire plaisir, mais on lui paye une nouvelle tournée, bah oui. Evidemment, ce n'est pas assez mainstream pour cartonner, mais ça donne avant tout un aperçu assez sympa de la palette de talents et de styles de Gaga.
Pour conclure, The Fame: Monster est un mini-album qui n'aura résolument de mini que le nom. Ce sont de GROS sons, de GROS textes pleins de sous-entendus et d'image crados et provocs qui en raviront plus d'un. Ca sonne un peu comme le pamphlet enragé et "pam dans ta gueule" d'une fille qui semble avoir beaucoup de choses à dire - et qui semble nous prouver qu'il y a beaucoup de façons différents de le faire. On en a eu des albums avec deux-trois tubes et 12 b-sides. Lady Gaga innove, avec l'album de huit titres et huit tubes, huit créations qui, si elles varient en efficacité et en puissance, semblent toutes être le résultat d'un mélange assez détonnant, presque ... magique, non ? On comprend mieux pourquoi certains de ses fans l'appelent déjà Lady GodGa - il y a définitivement quelque chose de divin et puissant chez cette fille.
On garde : Tout.
On jette : Rien, vous êtes fous ?
7 commentaires:
J'applaudis cette magnifique critique! Bravo! J'aurais pas pu lire meilleure autre part! Cette réédition qui d'aspect laisse entendre une simple addition de quelques chansons, et de loin ce que l'on peut imaginer. Les chansons sont monstrueusement tubesque : Lady Gaga vient encore une fois de nous prouver qu'elle est de loin la plus grande révélation pop de ces dernières années! Respect !
très bonne critique et pour une fois je suis d'accord avec vous.
Très bonne critique. Très bon album... PRAISE GODGA!
Moi aussi je ne jette rien. Toutes les chansons sont bien, toutes différentes, du très bon GAGA. J'adoore. :)
Moi c'est simple, je me disait "c'est une fille comme Katy Perry, elle fait ses tubes, en live ca va etre pourri ..."
Pas du tout, tout ces lives et apparitions tv sont des perf' qui lui sont propres.
Elle a vraiment une voix, je trouve que Speechless est la preuve qu'elle a du talent et de la force.
Moi j'adhère et j'adore
Je suis complètement GaGa !
ps: (il me semble avoir deja entendu l'instru de Dance In The Dark quelque part ... Quelqu'un peut il me confirmer ?
Superbe critique. Qui complète parfaitement ce que cette réédition représente. J'ai pris énormément de plaisir à la lire.
Je trouve que toutes les chansons de cette réédition sont géniales...J'ai une préférence pour Monster. D'ailleurs, moi c'est surtout pour cette chanson que l'air me dit quelque chose. Enfin, juste l'intro, avec les quelques notes... Pas moyen de trouver où est-ce que j'ai entendu ça.
Encore bravo pour cette critique ! J'ai hâte de voir ce que cela va donner lorsque le nouvel album de Lady GodGa va sortir.
Bonjour et déjà désolée de venir faire ma pub ici mais je viens d’ouvrir un blog sur la musique (retro.radio.overblog.com), mon dernier article est sur Lady Gaga, aussi je voudrais avoir des avis différents de blogueurs sur mon style d’écriture, par raport à la critique que tu fais de son album... Déjà le tien semble monstrueusement connu par rapport au mien, enfin bref. Si tu as du temps à tuer, passe-y faire un tour et laisse un commentaire ! Merci d’avance (et encore désolée je crois que je détesterais recevoir ce genre de message!), Andrich.
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