« Le gros problème d’un buzz, c’est que le public a tendance à en attendre un peu trop de l’artiste concernée. » Tels étaient les propos tenus par La Roux au sujet de Little Boots et de l’accueil assez décevant réservé à son album. Et question buzz,
Frankmusik pourrait parler également. Sur internet, depuis des mois, son nom perce un peu plus chaque jour dans les moteurs de recherche et sites de partage de vidéos. Artiste de la génération
Twitter, c’est donc fort logiquement qu’il a permis aux abonnés de son « fil infos » de suivre l’évolution de son premier album,
Complete Me, durant la première semaine de sa commercialisation. Un album #5 mardi (aidé en cela par de très nombreuses pré commandes : coucou le buzz), mais qui s’est retrouvé, dimanche, 13ème. Un résultat particulièrement décevant donc, quand on sait que Little Boots était tout de même entrée 5ème, La Roux était seconde, ainsi que Florence + The Machine, tous deux devancés par le best of du regretté Michael Jackson. Un résultat encore plus décevant quand on sait que dans les classements provisoires de cette semaine,
Complete Me peinerait à rester dans le top30. Pour autant, pouvons-nous parlons d’échec mérité ? Voyons voir.
A l’écoute des nombreuses maquettes de l’album disponibles sur le web plusieurs mois avant sa sortie, j’ai craint une certaine manie à la répétition, à cause de
Done Done, et de remixes de titres d’autres artistes. J’ai craint un album fatiguant, chiant, d’un artiste complètement surestimé tout juste bon à montrer ses fesses pour aguicher le public pop-gay d’un côté, et à médiatiser sa pseudo-relation avec Holly Valence pour affoler le beauf de base, d’un autre. Une façon de viser large, donc. Autant le dire tout de suite, mes craintes étaient complètement injustifiées. Ne vous méprenez pas,
Done Done reste pour moi la chanson la plus faible de l’album, pour le côté fatiguant de son refrain et sa relative pauvreté musicale. On peut à présent passer à tout ce que j’ai aimé dans cet opus.
3 little words, premier single, évidemment. Un titre retravaillé musicalement et même au niveau des paroles. Alors, on aime ou pas, puisque la version exploitée était déjà diabolique (et me donnait envie de refaire la chorégraphie du clip). Moi, j’aime, pour une raison simple : lassé de la version single, je découvre la chanson sous un autre jour. Fort heureusement, Vince (ouais, je l’appelle Vince) n’a pas trop touché à
Confusion Girl (un titre à l’échec anglais complètement injustifié. Ouais, je me révolte), petite pépite pop succulente au clip joliment naïf (vous y noterez au passage le côté… rebondi du pantalon de Frankmusik. Excès de prétention, ou simples câbles pour l’aider à voler ? La deuxième solution semble être la bonne, la bise à Chatquirat tout de même). Je ne m’en lasse pas, et ne m’en lasserai définitivement jamais, c’est sûr.
Du côté des titres qui crient «
SORS MOI EN SINGLE, GRAND FOU », impossible de passer à côté de la bombe new-wave qu’est
Gotta Boyfriend. Idem pour
When you’re around samplant de fort belle manière le
Golden brown de The Stranglers (d’ailleurs, si vous ne l’avez jamais fait, écoutez le best of de ce groupe. Ah, je sors du sujet, pardon). Pour l’avoir testée, je me permets de vous conseiller la méthode suivante : enclenchez
When you’re around, volume maximal, passez sous la douche, et préparez vous au son de ce titre. Je vous assure que même si je devais aller m’occuper de la nourriture, et de la vaisselle de deux centaines de marmots (les joies des jobs d’été), j’avais une pêche d’enfer. Attention toute fois, ne laissez pas de tondeuse à proximité, si vous n’êtes pas fan du délire capillaire de Vincent. Feu de l’action, fougue incontrôlée… un accident capillaire est si vite arrivé. Toujours côté singles potentiels, je citerais volontiers
Your boy, une jolie ballade électronique (que certains aiment à rapprocher de l’esprit Life in cartoon motion. Non, désolé, je ne vois pas),
Wonder woman (disons pour une jolie B-side) furieusement 80’s (l’intro me faisant même penser à une sombre série B de cette époque) et à l’ensemble pont / refrain assez dévastateur. Le titre ayant donné son nom à l’album est une superbe ballade, où Vincent se pare d’une certaine sensibilité et pousse sa voix d’une façon assez étonnante. Là aussi, certains le rapprochent de l’univers Mika. Même si je le conçois un peu plus que pour
Your boy, non, je ne comprends toujours pas vraiment. Puis vient
Vacant heart, encore une jolie ballade, plus rythmée dans les refrains. Peut être pas la meilleure chanson, mais pas non plus une chanson de remplissage.
Je vous épargne donc la critique titre par titre, mais d’une façon générale, je serais tenté de dire que cet album est assuré de faire partie de mon top3 annuel (je garde une place vers le haut pour Shakira, de toutes façons. Objectivité, discernement, tout ça). Maniant à la perfection les rythmes et influences, Frankmusik parvient, dès son premier opus, à imposer sa patte musicale. Un album à écouter de toute urgence donc, un album à se procurer (sans vouloir faire de pub à un site d’achat - si encore ils nous payaient pour ça, ce serait un plaisir, mais ce n’est malheureusement pas le cas, des visiteurs assidus du blog nous on informé de la difficulté pour trouver cet album en magasin, en France, alors qu’il y est sorti. Sur
CD-wow il est à 7.99€ en version simple et 11.99€ en version double – le deuxième CD étant en fait constitué d’une seule piste. Une sorte de gros mix. Les frais de ports sont offerts, comme toujours sur ce site).
A écouter :