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mardi 23 mars 2010

Critique | Gabriella Cilmi • Ten

Gabriella Cilmi a tout pour "cartonner": elle est jolie, chante très bien, a une voix originale, sait apparement plutôt bien danser et aligne les chansons décemment catchy. Mais à voir la difficulté qu'elle a pour placer son single dans le top 10 anglais (un #9 de justesse) et surtout la mauvaise position annoncée de l'album dans le classement (tout juste #16 dans les premiers midweeks), on est en droit de se demander ce qui cloche.
Pour commencer, j'ai envie de dire que le problème majeur de Gabriella Cilmi, c'est le timing. Car quiconque viendra expliciter le "flop" (ou semi-succès, allez) de la jeune femme en mettant en avant la notion (objective) de "qualité" oubliera que, au commencement, ce n'est pas la qualité qui vend un single ou un album. Non, et ici tout était réuni: titres entêtants, promo au point, diffusions radios et TV au diapason. Mais le timing est mauvais, un peu comme pour le premier album, en fait.
Flashback: en 2008 arrive une jeune Australienne toute surdouée de son état, avec une voix de black à faire tomber par terre les plus réticents. L'aspect nouveauté fait son travail, Sweet about me devient un tube. Mais dans les coulisses, on lira de nombreuses fois que la jeune fille n'est qu'un clone d'Amy Winehouse en plus, dans la vague de Duffy & autres. C'est un peu la même chose avec cet album, très fortement inspiré eighties ... et qui arrive en plein boom des albums "inspirés eighties" - le timing, donc.
Il doit cependant y avoir d'autres raisons, me direz-vous, et pour être franc je cherche encore. Soyons honnêtes ceci dit, Ten n'est pas l'album de l'année, mais il surpasse avec une petite facilité Lessons to be learned, le précédent effort de Gabriella. On retiendra surtout la première moitié de l'album, supérieure au reste, avec notamment On a mission, excellent titre électro/pop aux synthés endiablés et à la mélodie imparable ("Oh-wo-oh, ou-ou-ou-ouuh"), Hearts don't lie, second single supposé, qui rappelle davantage la Cilmi circa 2008 et épate par ses couplets, What if you knew à l'intro un peu Goldfrapp-esque et au refrain délicieux, véritable petit plaisir mid-tempo assez exquis, ou encore Boys, plus différent, plus original, qui donne l'impression dans les couplets que Gabriella Cilmi vient de fêter son trente-septième anniversaire (mais c'est booon!). Nombreuses sont cependant les failles et les facilités (les ballades, notamment, jolies mais parfois convenues), mais elles passent quasiment à la trappe grâce à la voix si typique de Gabriella Cilmi. On sent encore ici et là qu'elle a le cul entre deux chaises, hésitant entre le style rétro-pop de son premier album (Let me know) ou vers une déviation totale vers le vintage glamour 80's (Superhot), preuve en est l'inclusion d'un Sweet about me réactualisé qui, de façon assez surprenante, passe assez bien dans ce nouvel album, grâce à sa réorchestration, justement.
Il nous reste cependant à vous parler du titre qui nous a convaincus dans les grandes largeurs: avec une intro douce et sensuelle, un synthé qui débarque, suivi par des guitares électriques, Robots est le Say it right de Ten. Un titre aérien, actuel et non à la fois (c'est un peu comme si elle avait pris le meilleur des eighties cheesy et l'avait arrangé à sa sauce). On ne s'épanchera pas sur le pont, une véritable merveille qui touche quasiment à la magie par certains moments ("If we travel from the future"), et sur le refrain, thématiquement intéressant, au demeurant. Un single o-bli-ga-toi-re. Après ça, difficile de parler d'échec dans l'exécution de ce second album.



Beaucoup ne seront sûrement pas d'accord, et je sens par avance que le mot "facilité" pourrait revenir en écho, mais force est de constater que Gabriella Cilmi n'a rien perdu de ce qui faisait le point d'orgue de son succès: sa voix. D'aucuns diront que c'était le côté rétro de Lessons to be learned qui faisait le charme désuet de la jeune femme, qui refusait à 16 ans les techniques easy pop tant éprouvées. Peut-être, mais j'ai envie de croire qu'avec Ten, l'Australienne prend une direction qui lui ressemble davantage: celle d'une femme (!) mature, indépendante, sûre d'elle. Dommage pour elle, c'est celle que tant d'autres ont choisi en 2009/2010. Reste donc à mettre le paquet sur ce qui la différencie sûrement de la masse inerte de chanteuses pop, et c'est cette voix, justement. En attendant une vraie confirmation, on retourne écouter Robots en osant éspérer que ce n'est qu'un premier pas vers la magie pop que Gabriella Cilmi pourrait créer si on lui laissait le temps.

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