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jeudi 14 janvier 2010

Critique | Ke$ha • Animal


Ca aura pris du temps, mais force est de constater que Ke$ha a réussi à s'imposer. Celle qui apparaissait en featuring non-rémunéré sur le Right round de Flo-Rida a su finalement donner un joli coup de pied dans le projecteur pour qu'il se concentre sur elle, cette fois-ci. Inutile de vous dire que l'on attendait donc son premier vrai opus avec impatience, surtout après avoir écouté la myriade de titres / démos qui ont filtré sur le net depuis une bonne année maintenant. On attendait un album pop électro avec un petit côté volontairement trash ou mauvais goût, on a été servis. Animal, puisque c'est le titre de cet album, est une collection de titres ... pop, oui, qui, thématiquement, tournent autour de ... la fête. Bon. 65% de "YOUHOU, on s'éclate, on vomit par terre, la fête est trooop bien, mais dis, t'as pas une Kronenbourg sous la main?" et 35% de "la fête est finie, je déprime, MAIS POURQUOI TU M'AS LAISSEE TOUTE SEULEEE" - c'est en gros le partage de cet abum. A partir de là, deux réactions. Soit on fait un rejet, face au manque cruel d'originalité, aussi bien au niveau des thématiques, du style (coucou Uffie!) que des chansons, soyons honnêtes; soit on prend cet album pour ce qu'il est, c'est à dire une sorte de compil sympa pour s'éclater. On a décidé de faire un peu les deux.

On connaissait déjà Tik tok (qui nous a quand même bien gavé depuis le temps), mais on prendra le risque de dire que ce n'est pas le meilleur titre de l'album, même s'il reste sûrement l'un des plus sûrs commercialement. Du côté des up-tempos, on retiendra Your love is my drug, excellente piste qui nous donne envie de faire du pole-dancing (ce pont!) mais qui pêche un peu par son refrain, un poil trop répétitif (notez le rythme de fond du dit refrain qui copie/colle un tout petit peu Tik tok, quand même). Clairement, la façon de chanter / rapper de Ke$ha saute aux oreilles dès ce début d'album: un débit un peu aléatoire, façon "je suis saoûle mais je m'en branle", avec de petites intonations façon "connasse du coin" - mais attention, elle joue de ce côté trash m'en-foutiste. On adore aussi Party at a rich dude's house, proche du néant au niveau des paroles et ô combien répétitif, mais tube en devenir grâce à ce riff de guitare qui nous donne envie de jouer à Guitar Hero et cet esprit toujours festif, on l'avoue. Pour le reste, Take it off & Kiss'n'tell sont eux aussi des resucées de titres qu'on a déjà entendus (Hot'n'cold notamment, pour le second) mais sont addictifs au possible et 100% efficaces. On est un peu plus partagé sur Blah blah blah, qui va au paroxysme du "waaah, prends ça dans ta gueule, je t'emmeeerde!" mais qui, justement, y montre ses limites. C'est un peu ... forcé? On sait pas vraiment, tant Ke$ha aime jouer avec cette ligne. Tantôt on a envie d'être d'accord avec sa gouaille comico-provoc, qui ne revendique pas être autre chose que de la "feel-good music", et tantôt elle nous agace parce qu'on sent qu'elle s'enferme dans un truc totalement unidimensionnel. Allô, allô, syndrôme Katy Perry.

Et syndrôme Perry jusqu'au bout. On va oser, on va le dire, mais elle est très bonne dans ses slows, dans ses mid-tempos bien moins gueulards, bien moins tubesques certes, mais qui montrent bien plus d'întérêt au final. On pense à This love des Veronicas, qu'elle a écrite justement, et qui reflète bien la direction musicale de ces titres. Hungover, Blind, Dancing in tears with tears in my eyes et Animal, pour les citer, sont 4 chansons en léger décalage, un peu prévisibles, d'accord, mais moins déjà-entendues et sûrement moins lassantes à long terme. S'il fallait en sortir une, on voterait pour Hungover, qui joue avec le côté addictif de l'amour. Mais attention à ce que ça ne fasse pas à Ke$ha ce que Thinking of you a fait pour Perry (un très bon titre qui sape totalement la hype des précédents singles).

Pour le reste, il y a des titres entre-deux. On a jamais vraiment aimé Boots & boys, donc la version album ne nous fait pas grand chose (et on aurait préféré qu'elle garde d'autres titres que celui-ci), mais on s'agenouille devant le côté brillant de Backstabber, l'un des seuls rescapés (avec B&B, donc) des démos 2008 de Ke$ha. L'un des meilleurs titres de l'album, sans doute. Stephen & Dinosaur, quant à eux, sont des ovnis qu'on ne sait pas trop placer mais qu'on aime vraiment bien, parce que c'est sympa et original, tout simplement. Surtout Stephen, en fait. Et impossible de ne pas vous parler du bonus track, VIP, autre rescapé, qui gagne avec cette version album un côté quasi psychédélique. Un vrai tube, qui évoque un peu Daft Punk parfois, et qu'on aurait tellement aimé trouver sur la version basique de l'album (et que vous pouvez écouter juste en-dessous).

Pour résumer donc, l'album est vraiment bon, toujours très efficace et en place, mais ce qui nous gêne, c'est la conformité - exactement comme ce qu'avait fait Katy Perry (les comparaisons sont généralement poussives, mais elle est ici plus que jusitifiée). D'ailleurs les deux femmes jouent avec les mêmes choses: deux jeunes filles plutôt jolies, avec une personnalité accessible et fun, qui cherchent à abuser de leur côté décalé / festif, mais qui devront batailler dur pour ne pas sombrer dans les méandres du monde de la pop après 1 ou 2 albums, parce que le buzz ne durera pas, parce qu'elles montreront les limites de leur "originalité" ou parce qu'il y aura sûrement plus talentueux qu'elles. Mais on les aime vraiment bien, et on a vraiment envie d'aimer cet album, qui est tubesque en plusieurs endroits, fun et direct ... Jusqu'à ce qu'on entrevoie les coutures un peu trop grosses de ces titres presque trop beaux et trop tubesques, justement, pour être parfaits. C'est un peu ça, la faille de Ke$ha: ses titres "j'en ai rien à foutre" entrent en tête et peuvent paraître forcés, parce qu'on sait qu'elle n'est pas vraiment comme ça, et ses titres plus doux contrastent trop avec les up-tempos pour qu'on comprenne (un coup elle utilise les mecs - Blah blah blah - et un coup elle les pleure). Il faudra vraiment montrer une autre facette, et pas seulement jouer à pile ou face avec "fun" / "triste" / "fun" / "triste". En attendant, on vous conseille quand même Animal (#1 aux USA d'ailleurs) parce que c'est typiquement le genre d'album qui provoque des accidents de voiture. Non, ce qu'on veut dire, c'est que c'est pop, efficace et vraiment sans prise de tête, mais qu'il ne faudra pas chercher la complexité d'un Dance in the dark, par exemple. Et c'est dommage parce qu'on sait que Ke$ha vaut bien mieux que l'image de fêtarde invétérée et sans gênes qu'elle essaie d'adopter. Y'a du talent là-dessous, reste plus qu'à l'exploiter au maximum, et non plus jouer la fainéante avec un album efficace mais trop facile, sans risque pris.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

moi j'aime l'album de A à Z, mais c'est vrai que je ne sais pas si ke$ha pourra durer vu ses premières prestation live qui ne sont pas professionnel pour le moment , tout le monde s'attend a la nouvelle gaga mais c'est absolument ce qu'elle n'est pas et pour la comparaison avec katy perry elle est légitime puisqu'elles ont le même producteur et se connaissaient déjà avant d'être célèbre maintenant attendant qu'elle fasse ses preuves ....

J a dit…

Je suis honnêtement déçu par cet album. A part 3-4 chansons, c'est des fillers..

Si elle avait regroupé 10 démos, ça aurait mieux passé (quelqu'un a parlé de la version masterisée de "Fuck Him He's a DJ..?). Et où il est ce pu**** de "This is me breaking.."??? Moi qui attendais l'album rien que pour ça. Me voilà baisé.

Mais contrairement à vous, j'aime bcp "Blah Blah Blah" (je crois l'avoir déjà dit peu importe), c'est le paroxysme (comme vs dites) du n'importe quoi, et même si le Blablah en question est avec un mec, ça pourrait très bien illustrer le blabla général.

"il ne faudra pas chercher la complexité d'un Dance in the dark" <-- La quoi? HAHAHAA.

Boris a dit…

Pas un mot sur la comparaison avec Lady GaGa, qu'en pensez-vous ?

Stéphane Brunet a dit…

Je vais pas répondre à la place de l'auteur de la critique, mais j'ai plus envie de comparer Ke$ha à une Katy Perry sous acides qu'à Lady Gaga.
En même temps, autant être honnête, en entendant Just dance, même si j'ai bien aimé, je n'aurais jamais parié sur un tel succès, pour Lady Gaga.


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