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dimanche 18 janvier 2009

Critique | Saez et son triple album de globe-trotter

L'article commence à peine que l'on se fend déjà la poire ? Non non, un vulgaire jeu de mot pour qualifier le triple opus de l'artiste Damien Saez. L'auteur, compositeur et interprète a sorti en Avril 2008 (ah nous sommes en retard ?) son 4ème album: Varsovie - L'Alhambra - Paris. Pas moins de 29 chansons composent ce nouvel album, qui fait suite à Debbie, ou encore God Blesse. Révélé par le single Jeune Et Con, Saez s'est, au début de sa carrière, fait le porte parole d'une génération désabusé, triste, pessimiste, romantique. Dans cet triple édition, Saez décortique sa vie depuis que sa relation avec sa compagne polonaise l'a quittée.

C'est ainsi que commence Varsovie. La capitale de la Pologne donc, pour se rappeler celle qu'il a aimé et qui ne partage désormais plus sa vie. Le disque commence avec un Saez arrivant en Pologne, dans un restaurant où le steak sent la vodka, où l'envie de repartir à Paris est là. La rupture est présente à travers la tristesse ambiante, à travers une certaine religieusité du texte (Saez est un christ trop con d'avoir aimé les autres dans Je Suis Le Christ, et parle de s'unir devant Dieu "comme on dit" dans On Meurt De Toi) et de la mélodie: en effet, exit les sons rocks et durs des précédents albums, ici la plupart des titres ne sont qu'accompagnés bien souvent que d'un instrument (le piano et la guitare domine facilement). Saez se penche plus sur l'après-rupture que sur ce qui aurait pu causer la perte de sa relation (hormis la chanson Ceux Qui Sont En Laisse où il en vient à prouver que trop de différences l'écartaient de sa compagne). Il trouve refuge dans une nature qui se dépérit et dépérit presque d'elle même et facilement, il évoque les mauvaises saisons d'une relation, un hiver rude (Je Suis Perdu), se compare à un loup solitaire, affirme que son amour "a été emporté par les flots, les flots du temps"...

L'Alhambra est censé formé un tout avec Varsovie. Et forcément, la ration est double. On passe ici d'une tristesse mêlée aux histoires et aux paysages de l'est, à une résignation, une sorte de colère venue tout droit de l'occident. Cet alhambra, symbole d'une grandeur islamique, signifiant rouge en arabe, est le signe d'une passion certaine. Damien quémande pour une dernière danse, organise ses funérailles, ressent la mort et la désire. Les sonorités se veulent parfois plus entraînantes, mais la mélodie reste toujours très simple et épurée. Une once d'espoir se fait rarement sentir, la chanson Quand On Perd Son Amour nous montre que Saez (ou celui qu'il met en scène, mais il est très difficile d'imaginer autre figure que la sienne, autres émotions que les siennes) est empreint à une blessure qui ne se refermera jamais, qui fera de lui un être cynique et qui renonce à l'amour: "Sûr, l'enfer c'est les autres et l'enfer c'est t'aimer" ou encore "L'amour c'est la mort, et toit ça te fait rire". Souffrant du regard des autres, de sa perte, L'alhambra achève une forme de thérapie. Le chanteur, conscient de cette "triste complainte" dans Tango, fait partager sa déchirure mais n'entrevoit jamais une quelconque forme de rétablissement.


Paris achève ce tryptique émotionnel. Vendu séparèment, l'album est effectivement plus abordable, moins indigeste (oui, car si vous vous lancez dans une écoute complète des deux premières galettes, bonne chance), moins personnelle aussi. Saez revient à ses premiers amours. Avec des titres comme Jeunesse Lève-Toi, On A Pas La Thune, il reprend ce rôle de défendeur d'une génération paumée, qui galère à trouver sa voie dans un pays où peut se reconnaisse et se sente bien. Petites touches d'espoir, qui s'est fortement fait attendre dans un cd où on a l'impression de pas avoir acheté le flingue vendu en complètement. S'en Aller, une sorte de vie composé d'amour et d'eau fraiche où le seul fait d'y croire suffit pour être heureux. Toi Tu Dis Que T'Es Bien Sans Moi donne l'impression de remonter le temps, là où le couple existait encore, que les premiers signes de fin se faisaient ressentir tout autant que le déni. Paris, capitale de l'amour, de l'inspiration, de la culture, sied parfaitement à l'univers de Damien. Plus pop, variétale que les deux albums précédents, on a parfois l'impression de se balader à Montmartre.

Une thérapie personelle qui nous fera au final apprécier encore plus le final Paris. Une lourdeur qui peut se faire ressentir de par une tendance à la répétition (on a parfois l'impression aussi que Vitaa est passée par là) mais la sincérité et le pessimisme de Saez construisent une authenticité parfois déconcertante aux paroles troublantes, voires choquantes, dures. Les instrumentaux sont quant à eux toujours aussi réussis et sont un plaisir à l'oreille. Paris est une alternative à la découverte du chanteur qu'est Saez. Le reste ravira les habitués.

On garde: Goraszewska, Les Bars Du Port, Quand On Perd Son Amour, S'en Aller, On A Pas La Thune.

Le dernier clip de Saez, On A Pas La Thune.



1 commentaire:

Lau. a dit…

Jolie critique ! Par contre, j'avoue qu'il vaut mieux éviter de se lancer dans le triple album sans préparation et surtout sans pause, lol. ^^

En tout cas ça fait plaisir de voir Saez ici, même si on sent que c'est pas vraiment le même univers que la majorité des autres news. :)

PS: Les instrumentaux, et "Goraszewska" (je vois pas trop ce que tu lui trouve, d'ailleurs). ^^


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