Manchester était connu pour être la ville natale des frères Gallagher (qu’on ne présente évidemment plus) et, dans un autre registre, pour avoir été le club de prédilection d‘un certain David Beckham (qu’on ne présente plus non plus), il faudra maintenant compter avec Jules De Martino et Katie White, les deux comparses qui forment le groupe Ting Tings. Les Ting quoi? Ne faîtes pas semblant, vous connaissez sûrement et puis, de toute façon, il faudra dorénavant vous familiariser avec ce groupe car 2008 est indéniablement l’année Ting Tings!
Tous deux transfuges de groupes plus ou moins improbables, Jules et Katie se sont rencontrés sur les bancs de la fac avec la ferme intention de chambouler la pop british et fondent enfin leur propre groupe (à 2 au lieu de 3) en 2006. Ils ne devront cependant véritablement leur popularité actuelle qu'à leur passage très remarqué au mythique festival de Glastonbury en 2007 ou un formidable tremplin dans leur toute jeune carrière.
De Blondie aux Talking Heads en passant par le parapluie de Rihanna (dont Katie admet être fan), leurs influences sont aussi nombreuses qu'elles sont variées. Ils ont ensuite beau prétendre n'avoir "rien inventé", force est de constater que leur 1er opus baptisé donc We Started Nothing (autodérision? modestie?) est une véritable bouffée d'oxygène et une réussite totale de par un savant mélange entre pop et électro stylée en passant par une pointe de dance voire de punk et de disco sur certains morceaux qui donne des envies furieuses de se déhancher après une dure journée de boulot. Plus que ça même, c'est un concentré de tubes potentiels, en atteste le début de l'album qui commence ni plus ni moins par les 2 bombes qui les ont fait connaître du public, Great DJ et That's Not My Name (ou une chanson basée sur une anecdote insignifinate de collège), à l'origine mis sur un seul et même single puis exploités séparément par la suite (pour une réédition sur major, s'il-vous-plaît!). La suite de la galette est une succession de titres aux refrains entêtants voire sacrément percutants (Fruit Machine) et diablement accrocheurs (Keep Your Head) jusqu'à l'excellent Be The One qu'on croirait tout droit sorti de la BO de Grey's Anatomy et le genre de titres qui se savourent à fond les enceintes au volant d'une vieille Bonneville décapotable les cheveux au vent...
En outre, la voix de Katie intrigue tant elle peut se montrer tantôt presque criarde (Shut Up And Let Me Go) tantôt douce (Traffic Light). Les textes évoquent parfois dans la confusion la plus totale les ruptures amoureuses (ben oui, comme tout le monde!), la fête après une semaine difficile mais également... la solitude! Seul bémol: on en viendrait presque à regretter la fin de l'album tant les 2 dernières pistes dont la pièce titre de l'album sont un poil décevantes, qu'à cela ne tienne! Bien qu'en utilisant tous les ingrédients clé de la pop anglaise (batterie, refrain entêtant, guitare saturée, pédale delay), nos Bonnie & Clyde des temps modernes parviennent à nous livrer un son surprenant, voire branchouille.
Maintenant, au niveau de l’exploitation d’un album (encore plus quand il est aussi bon), on a rarement vu un tel fouilli en terme de singles mis sur le marché. A la manière d’une Feist ou d’une Yael Naïm, Apple a permis une exposition médiatique du groupe non négligeable, notamment en France, grâce au tubesque Shut Up And Let Me Go (en tête des téléchargements sur iTunes au mois de Mai) qui sert (bah tiens..) de jingle à la pub pour iPod / iTunes (comme notamment le fédérateur Flathead des Fratellis avant eux) et qui commence à faire des ravages au Royaume-Uni, terre natale du groupe qui n’est d'ailleurs pas avare en compliments au sujet de son nouveau poulain et a déjà porté aux nues le titre phare de l’album, That’s Not My Name, #01 à sa sortie (délogeant ainsi Madonna!) et top 10 pendant 7 semaines!
Si la suite promotionnelle de We Started Nothing reste un léger mystère, il se murmure néanmoins qu'à l'instar de beaucoup d'artistes avant eux (Mika et son Love Today ou plus récemment Adele avec Hometown Glory), les titres Fruit Machine (sorti en vinyl exclusivement pour les fans l'an passé en édition limitée à 500 exemplaires!) et Great DJ bénéficient d'une ressortie officieuse (la 2ème pour Great DJ !).
En attendant, les compliments pleuvent: en UK, ils sont considérés comme le son majeur de l’année. NME n’hésite pas à parler d’eux comme de « l’avenir de la musique britannique » et de «meilleur groupe que l'Angleterre a produit depuis des années » tandis que The Guardian s’emballe encore plus et les qualifie de « potentiellement énorme, irrésistiblement contagieux avec une exubérance surnaturelle ». Même la BBC ne tarit pas d'éloges sur eux en les plaçant en 3ème position de leur top 10 des choses à voir en 2008. Chez nous, les Inrocks les appellent ni plus ni moins « l’usine à tubes »...
Côté actu, enfin, après Solidays dimanche dernier, les Ting Tings se produiront chez nous dans le cadre de La Route Du Rock le 16 Août prochain à St Malo et du festival des Inrocks pour 3 dates en province et une à Paris les 13, 14, 15 et 17 novembre 2008 avant d'embrayer sur une série de concerts sur leur terre natale. Par ailleurs, le très en vogue en ce moment en Angleterre rappeur /producteur Dizzee Rascal a très récemment fait connaître sa volonté de collaborer avec le groupe pour au moins un morceau sur son prochain album studio. Affaire à suivre donc...
We Started Nothing est disponible depuis presque un mois en France chez tous les bons disquaires et sur les plateformes de téléchargement légal.
Voir un live de Great DJ:
Et retrouvez les clip de That's Not My Name et Shut Up And Let Me Go en cliquant sur les titres.
Sylvain.
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