Pages

dimanche 17 mai 2009

Zoom sur : Raphael Saadiq (2/2)

Il y a quelques jours, nous proposions à Xavier de publier un papier sur Raphael Saadiq. Et à l'image du blog officiel dont il s'occupe, c'est une critique très détaillée qu'il vous propose aujourd'hui, sur Hall-Musique. Plongez avec lui dans l'univers soul du dernier album de Raphael Saadiq, The Way I See It.


Le 25 septembre 2008, le monde entier découvrait « The Way I See It », le troisième album solo du déjà très renommé Raphael Saadiq. Après plus de 20 années d'expérience dans la musique, l'album qui nous a offert apparaît comme un vrai bijou Old School puisqu'il a l'incroyable aptitude à nous faire revivre toute la grandeur et l'émotion de la Soul des années 1960. Ca disque est qualifié de « Rétro Soul », c'est-à-dire qu'il s'agit d'une réinterprétation de la grande Soul tout en apportant une pointe de moderne et de fraicheur. Ce ne sont que des détails, le principal c'est que ce cocktail explosif de sons Old School fonctionne à merveille.


Tout d'abord, commençons par le commencement, l'aspect extérieur, autrement dit la pochette du disque. On y retrouve un Raphael Saadiq muni d'un costume cravate, et d'un micro, bref, la pochette nous prépare de suite à l'univers de l'album et rien n'est laissé au hasard, de l'ambiance de disque « live » ou spontanée (avec la photo utilisée) au micro style « rétro ». On est bien loin du chanteur assis en tailleur et en tenue bouddhiste du premier album : ce troisième album se veut différent du classique Soul qu'est devenu « Instant Vintage ». Il pousse le concept de « Rétro Soul » jusqu'au bout puisqu'en ouvrant le boitier, on y découvre un disque rouge, simplement pourvu d'une grande ligne blanche tout le long. Le disque est sobre, mais esthétique à la fois, à la manière des vinyles d'autrefois…
Raphael Saadiq tente donc un retour en arrière, dans les plus grandes années de la Soul qui ont vu exploser les Stevie Wonder ou encore Marvin Gaye, le pari est très risqué et apparaît d'ailleurs bien prétentieux… Mais nous jugerons après une écoute entière du disque.

Les différentes chansons sont toutes réussies et le pari tant risqué de nous faire revivre la Soul des années 1960 semble parfaitement rempli rien qu'en écoutant l'opus une seule fois. Tout d'abord, certains pourraient penser que seuls les amateurs de Soul seront séduits par l'album, mais il est important de préciser que ce n'est absolument pas le cas. Le but de l'artiste était justement d'atteindre un maximum de publique, c'est pour cette raison que beaucoup de sons différents sont présents : de la Soul (évidemment), de la musique hispanique, du jazz, du R&B, du Gospel, en passant par du Hip-Hop, le tout chaleureusement complété par une voix absolument délicieuse et puissante.

L'album commence avec "Sure Hope You Mean It", une chanson dont le rythme et l'ambiance sont les points forts (j'ai toujours cette envie irrésistible de claquer les doigts en rythme), le refrain est très efficace et entrainant. Cette chanson est très simple bien que presque (trop) répétitive à la fin.

« 100 Yard Dash », est la seconde piste de l'album mais également pour moi l'une des meilleures chansons de l'album (pour ne pas prendre le risque de dire la meilleure). La mélodie est efficace, un refrain très entrainant également, sur l'un des thèmes phares de l'album, l'amour. Ici la chanson est un message d'amour « Oh...oh... I Need Your Lovin', I Need You Lovin'… », mais il est délivré de manière plutôt originale et humoristique « I'm Running The Hundred Yard Dash".

Vient ensuite le puissant « Keep Marchin' » dont on peut parfaitement imaginer Raphael Saadiq et ses choristes l'interpréter en concert : une fois de plus le rythme est le point fort, cette envie inévitable de chanter ou de faire les « Ohh » avec le chanteur est prédominante.

« Big Easy » est la quatrième piste du disque, du piano, des guitares, des trompettes, c'est le titre le plus jazz de l'album. C'est aussi à partir de cette chanson que l'on découvre réellement la voix puissante du chanteur puisque la fin est absolument un délice pour nos oreilles, moment où sa voix est véritablement lancée. Très bonne chanson encore une fois, tout en puissance.

En piste cinq, voici enfin le featuring avec Joss Stone, la chanson s'appelle « Just One Kiss » et ne dure que 2 minutes et 32 secondes, l'on s'imagine alors très mal ce que pourra donner cette collaboration en si peu de temps. (2 minutes 32 secondes, dont 30 secondes d'introduction) La phrase récurrente « It Was That One Kiss From You » résume très bien la chanson, c'est l'histoire d'un baiser échangé entre un homme et une femme, et ce baiser a changé leur vie respective. La chanson nous décrit donc leur sentiment, et au finale cette chanson passe très bien, la montée en puissance des voix et des instruments à partir des 40 secondes restantes est impressionnante et d'ailleurs très rapide, l'intensité change complètement, ce crescendo me fait apprécier cette chanson.

C'est aussi l'amour qui est évoqué dans « Love That Girl », la sixième piste du disque, mais c'est également ce titre qui fait office de premier single. La chanson est dédiée à la gente féminine, le clip (qui est en bonus dans la version DeLuxe) illustre parfaitement l'ambiance : Raphael Saadiq y joue un crooner irrésistible… La chanson est parfaite pour un premier single, le refrain se retient très facilement et reste de suite dans la tête, aussi l'une des meilleures pistes de l'album.

Je vous parlait tout à l'heure d'une chanson hispanique, il s'agit de la piste suivante, « Calling », le début et la fin de la chanson sont en espagnol et le mélange des deux langue est très beau. Cependant cette chanson fait partie de celles que j'apprécie le moins (elle n'est cependant pas à zapper). Je trouve cette ballade quelque peu fade et pas vraiment dans l'ambiance du reste de l'album. Une petite remarque supplémentaire, pourquoi le nom de la chanteuse (qui joue un rôle non négligeable, même important dans la chanson) n'est-il pas mentionné ? Pour l'information, il s'agit de Rocio Mendoza, une jeune chanteuse mexicaine… La chanson reste quand même agréable à écouter, elle est douce et reposante grâce à la voix de Rocio.

Comme dans « Love That Girl », une ambiance de « crooner » est présente sur les deux pistes suivantes, « Staying In Love » et « Oh Girl ». La première chanson commence d'emblée en puissance : les phrases qui sont commencées par Saadiq sont toujours finies par les chœurs, et ce, tout au long de la chanson. La chanson est donc très énergique et très efficace. La deuxième chanson est une ballade entêtante avec ses « Ohh Girl », mais très réussie et jolie.

Ensuite, l'on retrouve « Let's Take A Walk », une chanson que je rapproche de « Staying In Love » du fait des chœurs toujours très présents. Cette piste est simplement sympathique à écouter, rien d'exceptionnel mais reste toujours dans la lignée de l'album. Elle aide à former un tout cohérent, et s'écoute donc sans aucun problème.

Enfin, voici la chanson tant attendue avec Stevie Wonder, il s'agit de « Never Give You Up », avec la participation également de CJ Hilton, un jeune artiste produit par Raphael lui-même. Et bien, à ma grande surprise, celui qui fait le plus d'étincelles dans cette chanson est CJ, sa voix est absolument très belle et surprenante, il nous fait même mettre Raphael Saadiq au second plan. Le refrain est toujours chanté par CJ et il est plus que plaisant, très entrainant. Quant à Stevie Wonder, il ne chante malheureusement pas, à ma grande déception, il ne joue qu'un morceau d'harmonica sur la fin, mais qui reste néanmoins indispensable à la chanson. Mais bon, c'est le nom qui compte, quand même, Raphael Saadiq a réussi à inviter l'un des plus grand du monde de la musique : « I'd like to invite Mr. Stevie Wonder to my album… c'mon Stevie » C'est la phrase prononcé par Saadiq dans la chanson pour annoncer le monsieur. La déception d'un Stevie Wonder « muet » passée, l'on passe un très bon moment en écoutant ce titre duquel se dégage une impression de Live, d'une bande de copains organisant un bœuf dans leur salon… Bref, le morceau est très convivial et appréciable.

La chanson clôturant l'édition normale de l'album, s'appelle « Sometimes », une chanson dédiée à la mère et à sa grand-mère du chanteur, il l'explique lui-même en interview: « c'est l'histoire de ma mère et de ma grand-mère, qui ont été pour moi une grande source d'inspiration tout au long de mon parcours. Il me semblait naturel de terminer le disque ainsi. » Le message est beau, mais je n'accroche cependant pas totalement à la chanson, pas assez rythmée à mon goût. Cependant, il est vrai que la chanson est parfaite pour conclure un album, une ballade bien ficelé avec un message fort.

Quatre titres sont en bonus dans l'édition DeLuxe de l'album, « Oh Girl », un remix assuré par Jaz-Z, « Big Easy », en version plus soft que la première, « Come On Home », et enfin, « Kelly Ray ».

Le remix de « Oh Girl », une des meilleures chansons du disque, est donc assuré par un rapper très renommé, il s'agit de Jaz-Z. Cette version apparaît moins bonne que l'originale, beaucoup plus Hip-Hop (présence de Jaz-Z oblige), l'ambiance rétro n'y est plus vraiment, dommage. Oui, à part dire que Jaz-Z pose sa voix, je ne vois pas quoi d'autre dire (bien que le rap de Jaz-Z ne soit pas mauvais), il n'apporte selon moi rien de plus, la chanson reste la même mise à part cela...

Ensuite, comme avec « Oh Girl », une seconde version d'une autre chanson est proposée, il s'agit de « Big Easy ». La chanson initiale étant tellement bonne et funky, cette « euro Version » apparaît plus lente et plus acoustique. Une fois de plus, je préfère l'originale, celle-ci est beaucoup plus insipide et la chanson d'origine perd ce qui était son point fort : son rythme.

« Come Home On » est la piste suivante, et là, j'aime beaucoup, c'est de nouveau une ballade, dont le fond musical est composé de guitares et d'un piano, le résultat de ces instruments est très beau. Petit refrain pas très original mais savoureux et doux. Les dernières notes de piano à la fin de la chanson sont très appréciables également. Très bonne chanson bonus.

Pour finir, le dernier bonus présent sur l'édition DeLuxe s'appelle « Kelly Ray », une très belle chanson également, une belle voix calme et agréable à l'écoute, avec les chœurs encore une fois. Un titre bonus bon comme le précédent, qui aurait mérité d'être sur la version normal de l'album.

Pour conclure, vous l'aurez certainement compris, cet album est bon, même très bon, il est au moins à écouter une fois pour se faire une idée. The Way I See It est un album digne des grands chanteurs soul d'autrefois, c'est un mélange de tout ce qui se faisait de meilleur en matière de Soul il y a plusieurs dizaine d'année, et le pari semblait ambitieux et même prétentieux. Pourtant Raphael Saadiq l'a fait, il nous a pondu un opus parfaitement ficelé, très bien produit et d'une grande classe. L'hommage qui est rendu aux grands Soulmen est très beau et poussé jusqu'au bout des ongles: des pas de danse aux costumes, en passant par les lunettes en hommage à David Ruffin (chanteur du groupe The Temptations). Saadiq signe un hommage juste et nous offre un album qui serait dans la ligné des grands albums de la Motown. Cet album a déjà convaincu une bonne partie des réticents, qui pensait Saadiq incapable d'un tel exploit, c'est-à-dire pouvoir faire un album « Rétro Soul », et pourtant il l'a fait. Il faut dire qu'après 20 ans d'expérience dans la musique, Raphael Saadiq s'est nourri de toute la Soul et de Rythm & Blues qu'il a connu, et son expérience joue en sa faveur dans ce disque puisqu'il semble voir tout compris concernant les grands tubes Soul d'autrefois. Il a utilisé dans cet album toutes les grandes recettes qui marchent (et marchaient autrefois) pour nous proposer une dizaine de chansons toutes plus meilleures les unes que les autres.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Merci pour cette longue présentation!


Paperblog : Les meilleurs actualités issues des blogs
toute la culture sur ulike



Fans clubs et communautés de fans - Le réseau Purefans